Ce que mon no-buy m’a appris (et comment réussir le votre)

Ah, le « no-buy »… Si comme moi vous avez une légère (ou grande) tendance à vous laisser tenter par des achats compulsifs, alors sans doute avez-vous déjà vu passer ce terme. Il consiste à ne rien acheter qui ne soit pas essentiel pendant une durée déterminée. Alors comment réussir son no-buy, et que m’a appris le mien ? On fait le point.

Comment réussir son no-buy et éviter les craquages

Pourquoi faire un no-buy ?

L’addiction au shopping : une maladie bien réelle

Le shopping est une véritable addiction pour certaines personnes. On en rigole souvent. Entre nous, en le prenant à la légère, ou dans les séries et films, ou le fait de dépenser des sommes indécentes d’argent dans des vêtements ou de la déco de façon ultra-régulière est souvent montré comme quelque chose de plutôt glorieux et valorisant.

En réalité, cela peut se transformer en une maladie, pure et dure. Lorsqu’on fait un achat, le cerveau libère des endorphines et de la dopamine. Ce sont des hormones qui nous procurent une sensation de bien-être et bonheur. Résultat : l’humain a tendance à aller chercher de nouveau cette petite poussée d’adrénaline. C’est pour cette raison que l’on fait du shopping de façon compulsive quand on est triste, ou quand on se sent anxieux…

Le pire, c’est qu’on devient accro à cette récompense immédiate, et qu’il en faut toujours plus pour combler notre désir.

Addiction au shopping : le rôle de la dopamine

Comment savoir si on est accro au shopping ?

Alors bien sûr, toutes les personnes qui aiment le shopping ne sont pas addict. On parle d’addiction sous plusieurs critères.

L’association Addictions France liste sur son site quelques signaux alarmants :

  • Lorsque l’achat et le shopping sont sources de pensées obsessionnelles;
  • Que l’achat a un impact sur votre humeur;
  • Qu’il perturbe votre quotidien;
  • Quand vous ressentez le besoin d’acheter toujours plus pour combler le manque (et que vous n’arrivez pas à vous limiter);
  • Vous vous sentez mal si vous n’achetez pas quelque chose.

Il faut prendre en compte l’impact du shopping, s’il se fait au détriment du reste (de vos proches, de votre sécurité financière, etc), ainsi que la dimension de honte : cacher ses achats à son conjoint ou sa conjointe ou minimiser les prix réels sont autant de signes alarmants.

Et le no-buy dans tout ça ?

L’intérêt d’un no-buy, c’est de casser le cycle de récompense qu’a acquis le cerveau. Ce n’est pas une thérapie : je vous conseille si vous souffrez de la situation d’en suivre une, avec un.e professionnel.le qualifié.e (psychologue ou psychiatre). Il ne convient pas non plus à tout le monde – mais ça, je vous en parlerai plus loin dans cet article. Dans tous les cas, je crois que c’est un exercice intéressant, qui fait parfois se rendre compte de l’ampleur du problème.

    Mon no-buy à moi : raisons et durée

    Pourquoi moi, j’ai décidé de faire un no-buy ? Pour être honnête, j’en ai fait plusieurs dans ma vie. Je souffre d’une addiction au shopping depuis mon adolescence. C’était avant tout pour combler de l’anxiété que je ne savais alors pas trop comment gérer. Après une bonne thérapie (vive les TCC contre l’angoisse !), j’étais prête à m’attaquer un peu à ce problème.

    Je ne me suis jamais mise en danger financièrement pour acheter. Pour autant, je pense avoir… Tous les autres signaux d’alerte. Il y a quelques mois de ça, j’ai commencé à revoir arriver une « crise ». Pour moi, les premiers signaux sont des achats compulsifs inutiles, et des achats côté fast-fashion et fast-déco que je regrette presque immédiatement, des envies très nombreuses, subites, des colis arrivant et repartant constamment, et un self-control monétaire quasi-inexistant.

    Il fallait que je casse le cycle qui commençait à se ré-alimenter dangereusement, et j’ai décidé de partir sur un mois sans achat. Certaines créatrices de contenus font des no-buy réussis d’un an. Pour être honnête, c’était trop pour moi, et lorsque j’ai essayé par le passé de dépasser un mois… J’en sortais si frustrée que je terminais mon no-buy par un craquage complet.

    Comment s’est passé ce no-buy ?

    Plus ou moins bien. Pour être honnête, c’est encore très difficile pour moi de ne rien acheter pendant un mois. J’ai donc ressenti tout un lot de sensations désagréables dont on se passerait bien volontiers : beaucoup de frustration, d’angoisse, de colère, de sentiment de vide.

    Le défi : ne pas craquer et réussir son no-buy

    Mais au fil du mois, j’ai commencé à me sentir mieux, à reprendre un rythme plus serein, à retrouver un esprit apaisé et des envies raisonnables.

    Est-ce que j’ai respecté et réussi mon no-buy à 100% ? Non. Soyons honnêtes : j’ai acheté deux pyjamas le même jour chez Primark. Je les regrette, parce que la qualité est nulle, que j’aurais pu m’en douter, et que ce n’est absolument pas une marque que j’ai envie de soutenir financièrement. J’ai aussi acheté un vase chez Emmaus : pas de regret là-dessus.

    Réussir son no-buy et résister à la tentation

    Comme j’ai acheté des choses durant mon no-buy, on pourrait se dire que j’ai échoué. Techniquement oui, mais moralement, non. Par rapport aux deux mois précédent le no-buy, ce « peu » (tout est relatif, je le sais bien…) d’achats est un succès.

    Surtout, j’en suis sortie avec beaucoup de leçons à garder en tête. Avant de les aborder, voici quelques conseils que j’ai noté qui personnellement, m’ont aidée à arrêter d’acheter tout et n’importe quoi :

    • Eviter les boutiques et centres commerciaux. Surtout au début ou lorsque vous vous sentez triste, vulnérable, angoissé.e;
    • Idem : on se désabonne des influenceurs qui poussent à (sur)consommer, des newsletters des marques, etc;
    • Trouver un autre moyen d’évacuer ces émotions négatives. Pour moi, ça a été de soulever de la fonte à la salle de sport, ou de sortir me promener dehors avec un podcast;
    • Remplacer ces achats par d’autres : je sais qu’on recommande toujours de ne pas remplacer une addiction par une autre, mais quand j’avais envie d’acheter déco ou fringues, je me rendais au supermarché et je m’achetais quelque chose de super bon à cuisiner, ou un aliment un peu chic que je m’offre rarement. Par exemple, la barquette de myrtilles à 5 euros. Ca m’a apporté beaucoup de bonheur, et pour mon porte-monnaie, c’était bien mieux que le reste;
    • Analyser ses émotions : lorsque vous avez envie de shopper, demandez-vous ce que vous ressentez. Vous pouvez écrire sur un carnet pour vous aider;
    • Faire une wishlist ou liste d’envies. Et se dire qu’on s’achètera telle ou telle chose, plus tard… Le déposer sur une note suffisait parfois à m’apporter une certaine satisfaction. Cela permet aussi de se laisser du temps, de juste repousser le craquage. La plupart du temps, je n’en avais même plus envie après 24 ou 48h.

    Ce que l’absence d’achats m’a fait réaliser

    J’ai retenu plusieurs leçons de ce no-buy.

    La première, c’est que la plupart des envies passent toutes seules. Comme je le disais juste avant, je me rends compte qu’attendre, ne serait-ce que 24h ou 48h, suffisait la plupart du temps à tuer le désir. Depuis, je fais une wishlist, et j’attends au moins 15 jours avant d’acheter 95% de ce que j’achète. Et oui, je m’autorise encore quelques achats imprévus, sous certaines conditions, notamment si c’est un achat que je juge éthique (petit créateur ou créatrice, objet fabriqué localement, objet vintage, etc).

    On gagne un temps fou à ne pas faire de shopping. Le temps à ne pas se demander ce dont on « manque », le temps de chercher « la pièce parfaite », le temps d’aller chercher en boutique ou de récupérer un colis, de faire un retour si la taille ne va pas, de trier, donner ou revendre ensuite quand on est trop encombré. J’utilise aujourd’hui ce temps pour d’autres choses qui me font bien plus de bien, et c’est chouette.

    Le temps qu'on gagne avec un no-buy...

    Si l’article que je voulais absolument n’est plus disponible parce que je me suis donné 15 jours pour réfléchir, c’est qu’il s’agissait probablement de fast-déco ou de fast-fashion. Et du coup, ce n’est pas en accord avec mes valeurs, et je n’en veux pas. Exception faite des pièces de créateurs en édition limitée ou de la seconde main par exemple.

    Lire aussi : comment consommer moins de fast-déco ?

    Il suffit parfois de changer de place un objet ou de le retoucher pour l’apprécier. Essayez juste de bouger un meuble, une lampe, trois livres. Vous aurez l’impression d’avoir fait du shopping chez vous. Ne pas acheter, c’est aussi prendre le temps de rapiécer les choses abîmées, de faire cet ourlet que vous repoussiez depuis 6 mois… Youpi !

    Rien n’est urgent. A la fin de mon no-buy, je me suis offert deux taies d’oreiller que j’avais repéré depuis des mois. En réalité, j’aurais pu attendre un mois, deux mois de plus. Parfois, on n’a juste pas besoin de quelque chose là maintenant, tout de suite.

    Ce n’est pas parce que j’aime quelque chose qu’il faut absolument que je l’achète. On peut apprécier un objet ou vêtement sur quelqu’un d’autre, sans pour autant devoir absolument l’acquérir.

    Non, le no-buy n’est pas miraculeux

    Si mon no-buy m’a aidée à remettre les pendules à zéro, ou l’église au milieu du village, ou tout ce que vous voudrez, ce n’est pas non plus une solution miracle. Il est facile de vite retomber dans ses travers, voire d’encore plus sur-consommer après un no-buy, du fait de la frustration ressentie.

    Certaines personnes qui ont suivi un no-buy un peu trop long disent même ressentir depuis une extrême culpabilité à chaque achat, sans parvenir à s’en défaire.

    C’est pour cette raison d’ailleurs que j’ai décidé de me limiter à un mois, et de ne pas m’auto-flageller outre-mesure pour mes trois achats durant ce mois-ci.

    L’important pour réussir son no-buy, c’est de profiter de ce mois pour réfléchir à vos habitudes et mettre en place de nouvelles habitudes. Sans ça, le no-buy n’aura aucune utilité…

    Alors, prêt.e à vous lancer ?